January 16, 2011

Monet pas laid

Une exposition Monet au Grand Palais : c’est l’indispensable culturel du semestre ! Beaucoup trop commercial, aussi. Alors non, je n’irai pas.

Finalement, à force d’entendre les gens en parler, je crois que je vais y aller, pour voir. Après tout, il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis…

Une fois sur place, c’est peu dire qu’il y a du monde. Sans surprise, l’exposition est organisée selon un plan mêlant thématique et chronologie. Or il s’agit là du problème principal de cet événement. Il n’y a pas d’obligation à faire une présentation originale, et autant de Monet en un seul lieu est en soi extraordinaire. On aurait seulement aimé être plus surpris.

Oui, on revoit Monet avec plaisir : il est toute la peinture de ces deux derniers siècles. Oui, on redécouvre ses chefs d’œuvre avec enchantement : La Pie et ses innombrables nuances de blanc et de gris, la finesse des Coquelicots à Argenteuil, Les Dindons et leurs crêtes rouge vif.
Mis à part une ou deux petites horreurs pour salle de bains qui ressemblent à des nymphéas, Monet réussit tout ce qu’il peint.
Mais l’intérêt principal – et peu original, donc – de cette exposition est de nous donner à voir des Monet qui n’appartiennent pas au Musée d’Orsay. Et ce sont des merveilles.
Sa Capeline rouge (1873, habituellement visible à Cleveland) est magnétique derrière la fenêtre, et on est charmé par d’autres figures, comme Le Déjeuner (1868, Francfort), une grande scène d’intérieur avec femmes et enfant. Monet a produit quelques paysages surprenants de la Creuse, comme Creuse, soleil couchant (1889, Colmar), aux couleurs violentes, presque fauves.
Car Monet est le père de l’impressionnisme mais, en génie hors norme, il annonce aussi les mouvements ultérieurs. Avec par exemple Les Peupliers au bord de l’Epte (1891, Londres, Tate), le peintre abandonne le détail pour la sobriété des grandes touches souples et les volumes. Le tableau Ombres sur la mer à Pourville (1882, Copenhague) a quant à lui des lignes expressionnistes.
On se souvient enfin, en regardant les toiles de son jardin de Giverny, que Monet s’est attaché à représenter la réalité pour mieux s’en détacher. Patiemment en effet, il a façonné son jardin, la nature qu’il voulait peindre. De motif essentiel, la nature est peu à peu devenue le prétexte abstrait de sa peinture. L’art de Monet n’a eu de cesse de reproduire la réalité pour ensuite créer la sienne.

Alors cette exposition est belle, oui, et complète, en réunissant un nombre impressionnant de toiles du maître. Mais malgré des commentaires simples, elle reste un peu prétentieuse et sa mise en scène trop solennelle.
On pourra donc la prolonger en retournant dans des musées de taille plus modeste mais plus sympathiques. À Paris, le musée de l’Orangerie et ses Nymphéas, le musée Marmottan et Impression, soleil levant, parmi les chefs d’œuvre de leurs magnifiques collections. Mais aussi, les pieds dans l’eau, le musée Malraux du Havre, par exemple.

From 22/09/2010 to 24/01/2011
Galeries nationales, Grand Palais
Paris
www.monet2010.com