Roman politique, cet ensemble de lettres, dont le titre fait référence à la présidence du Mexique, l'est également. Comme pour le prouver, les missives sont presque dépourvues des marques d'affection qui les concluent traditionnellement. Et en effet, ce roman mêle la cruauté, le calcul et la froideur qui font la réputation de la politique à des liens que l'on imagine plus puissants encore, mais que les personnages expriment le moins explicitement possible. Des liens amoureux, mais aussi des liens amicaux ou d'ordre intellectuel. Cependant, le lien le plus présent reste peut-être le lien filial, évoqué tout au long des lettres et qui fait l'objet de la dernière missive, poignante.
Ce roman ne tarde pas à se révéler philosophique, aussi. Nombreuses sont les idées interrogées en regard de la politique : l'idéalisme et la corruption, le désir et le temps, ou encore la vérité. "La vérité du mensonge, c'est qu'elle signifie quelque chose. Ce qui ne signifie rien ne peut même pas être faux. C'est pourquoi ce que la vérité signifie n'est qu'une partie de ce que la vérité occulte. La moitié de la vérité est mensonge. La moitié du mensonge est vérité.", écrit le Général von Bertrab à Nicolás Valdivia juste après lui avoir appris qu'il est son père.
Or il s'avère que ce jeune Nicolás Valdivia est le personnage principal, et cet ensemble de lettres un roman d'apprentissage, celui de son éducation politique. Rappelant un certain Rastignac, tour à tour naïf et impitoyable, en tout cas ambigu, il aura un parcours fulgurant.
Un livre empli de passions machiavéliques.
Le siège de l’aigle : roman / Carlos Fuentes ; traduit de l'espagnol (Mexique) par Céline Zins.
[Paris] : Gallimard, impr. 2005. - 443 p.
Collection Du monde entier.
ISBN 2-07-074015-3. - 22 €
Titre original : La silla del águila.
[Paris] : Gallimard, impr. 2005. - 443 p.
Collection Du monde entier.
ISBN 2-07-074015-3. - 22 €
Titre original : La silla del águila.