February 24, 2008

Paris  expo : Vlaminck illumine Paris

Autoportrait, 1911
Huile sur toile, 73 x 60 cm
Paris, Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art
Moderne, Centre de Création Industrielle
Donation Louise et Michel Leiris, 1984
Inv. AM 1984-677
© Photo CNAC/MNAM Dist RMN /© Droits réservés /
photo de presse
© ADAGP, Paris, 2007
Cinquante ans après la mort de l’artiste, le musée du Luxembourg consacre une exposition au peintre français Maurice de Vlaminck (1876-1958). Une centaine de toiles du peintre et des céramiques sont présentées, ainsi que des objets d’art africain qui inspirèrent l’artiste. L’exposition commence en 1900, alors que le peintre est encore jeune. On y découvre ses talents méconnus de portraitiste, comme dans « La petite fille à la poupée » ou dans « Sur le zinc ». Les toiles où sont représentées les danseuses et prostituées du cabaret Le rat mort laissent transparaître sa volonté de représenter ses personnages avec leurs tares, ainsi qu’il l’écrira lui-même dans Portraits avant décès. Car Vlaminck, peintre autodidacte, n’avait pas qu’une corde à son arc. Écrivain, il livra des récits licencieux (D’un lit à l’autre, 1902, Tout pour ça, 1903) et des récits autobiographiques où il raconte sa vision de la peinture (Tournant dangereux, 1931). L’exposition est ainsi ponctuée des citations tirées de ses propres écrits. Jeune, Vlaminck a tout d’abord entamé une carrière de coureur cycliste et commença à gagner sa vie grâce à ses talents de violoniste, qu’il tenait de ses parents musiciens. Ce n’est qu’à partir de 1906 qu’il commence à vivre de sa peinture, grâce au grand marchand de tableaux Ambroise Vollard. C’est à la demande de ce dernier qu’il peint, comme d’autres artistes, les céramiques d’André Metthey dont l’exposition présente une sélection.
La Fille du Rat Mort, 1905
Huile sur toile, 78 x 65 cm
Kunststiftung Merzbacher
© Droits réservés
© ADAGP, Paris, 2007
Mais Vlaminck fut avant tout l’un des maîtres du fauvisme, avec Matisse, Braque et son ami Derain. Même si, comme la plupart des représentants de ce mouvement, Vlaminck ne fait que passer par le fauvisme, les toiles issues de cette courte période (1905-1907) sont sans conteste parmi les plus réussies du peintre et les plus représentatives de son art. Et Vlaminck montre avec talent qu’il n’est nul besoin de se rendre dans le Sud de la France pour trouver la couleur et la lumière. Il peint en effet les paysages de la vallée de la Seine, Bougival, Chatou, Rueil ou le Pecq, avec de larges touches et un feu d’artifice de rouges, d’orange, de jaunes, de verts, de roses et de bleus, tantôt frôlant l’abstraction, tantôt traçant des contours sombres autour de ses motifs. De Péniches à Chatou aux Ramasseurs de pommes de terre en passant par le plus sombre et néanmoins fauve tableau La châtaigneraie à Chatou, Vlaminck use de tout ce qui fait le charme et l’audace du fauvisme : les contrastes exagérés, les couleurs exaltées et violentes, les empâtements, la simplification des formes. Le paroxysme est atteint avec Le verger (1905), une toile qui laisse exploser les couleurs vives et pures dans une folle gaieté.

À partir de 1907 et jusqu’en 1915, les toiles de Vlaminck glissent du fauvisme vers une représentation plus géométrique des formes. Si l’influence de Van Gogh se retrouve dans ses natures mortes pleines de simplicité, c’est celle de Cézanne qui est la plus manifeste dans les toiles de cette période. Les villages aux formes géométriques et ses Baigneuses (1907) qui font penser aux Demoiselles d’Avignon de Picasso montrent aussi que le cubisme est dans l’air du temps. Influencé par l’art africain, Vlaminck sera en effet attiré par le mouvement cubiste, mais sa volonté de ne pas s’éloigner du réel ne le fera qu’effleurer l’expérience cubiste. Sa Nature morte au couteau et son mélange entre formes géométriques et représentation du réel le montrent bien. De même, de ses bouquets de fleurs cubistes sortent irrésistiblement des tiges rebelles et fraîches.
Le Pont de Chatou, 1906-07
Huile sur toile, 68 x 96 cm
Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie
© Jörg P. Anders
© ADAGP, Paris, 2007
Car c’est là que réside la touche Vlaminck : partout un mouvement et jamais de véritable renoncement à la couleur. Les toiles de Vlaminck, en provenance d’une multitude de pays et rassemblées à Paris, font une exposition lumineuse et réussie.

Exposition : « Vlaminck : un instinct fauve »
du 20 février au 20 juillet 2008
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard, Paris 6e
www.museeduluxembourg.fr