March 08, 2011

Pichulita tombera

Dans l’œuvre de Mario Vargas Llosa, Les chiots est un petit récit qui passe presque inaperçu.
C’est pourtant un véritable roman, poignant et grave, qui ne s’oublie pas. Il retrace toute la vie du jeune Cuéllar, surnommé Pichulita / Petit-Zizi après avoir été mordu aux parties génitales par un chien. Dès lors, il s’enfonce inexorablement dans le malheur.
Car il s’agit bien d’une chute, ou plutôt d’une agonie, d’une lutte pour se maintenir à flot, comme ces images de Cuéllar nageant dans les vagues de Lima. On y est irrésistiblement attiré jusqu’à la fin, dans un enchaînement terrible.
Les phrases sont tantôt jeunes et vives, sautillantes comme les personnages, tantôt morcelées et fragiles comme le héros, mais les métaphores sont cruelles comme la société péruvienne qui le rejette.
Avec une pointe de réalisme magique, le style adopté par l’auteur s’avère extrêmement original, les voix s’entremêlent mais le point de vue reste extérieur : nous assistons, impuissants, à la descente aux enfers du pauvre Cuéllar.
La fin du roman est sèche comme la condamnation, pour la première fois explicite, de Cuéllar par ses meilleurs amis. Eux ont choisi – ils l’ont pu – le bon camp, celui des personnes bien sous tous rapports. Cynique et marquant.

Les chiots = Los cachorros / Mario Vargas Llosa ; traduit de l'espagnol, préfacé et annoté par Albert Bensoussan.
[Paris] : Gallimard, impr. 2010. - 126 p.-16 p. de pl.
Collection Folio bilingue.
ISBN 978-2-07-038435-8.