January 18, 2009

Pollock dans le détail

Immédiatement, dès l’introduction, le visiteur s’arrête : le texte est long. Dès l’introduction également, le directeur de la Pinacothèque, Marc Restellini, affiche ses ambitions : offrir au plus large public une vision neuve sur l’un des plus grands artistes américains du XXe siècle. Quelle impression va s’avérer vraie ? Celle d’être noyé dans le texte ou celle d’une exposition destinée à un large public ?
Birth
c 1938-41
Huile sur toile
116,4 x 55,1 cm
Tate, Londres
© Pollock-Krasner Foundation Inc.
Photo © Tate, London 2008
Les pièces suivantes ne tardent pas à livrer leur réponse. On sera noyé. Hélas.

À moins que…

Il faut dire que l’exposition a des circonstances atténuantes. Elle est simplement à l’image du quartier, élitiste.

En effet, les concepteurs de l’exposition ne prennent pas le visiteur qui s’y risque pour un idiot. Ils tiennent pour acquise sa connaissance de Pollock (1912-1956).

Il faut l’avouer, cette exposition a été faite sérieusement, sans se moquer du visiteur, et le titre tient ses promesses. Solidement… Les analyses sont poussées, les toiles étayées par des commentaires touffus émaillés de nombreuses références aux arts et à la psychanalyse. Le chamanisme n’a plus de secrets pour nous. Et puis c’est aussi l’un des buts d’une exposition : approfondir un sujet. De ce point de vue, c’est réussi. Elle est courte et pointue.

Mais l’exposition manque indéniablement de recul et l’on risque, en se perdant dans l’exhaustivité des commentaires, de passer à côté de l’essentiel.
Untitled
1949
Huile et email sur toile montée sur masonite
45,7 x 58,4 cm
Collection particulière, Courtesy Knoedler & Compagny, New York
Car tout y est. L’expressionnisme abstrait, le surréalisme, le tournant des années 1940, et même quelques drippings (toiles que l’on a placées au sol pour y projeter la peinture, technique qui a rendu Pollock célèbre). L’exposition est l’occasion de voir des œuvres qui viennent souvent des États-Unis. Les toiles de Pollock, pour la plupart datant des années 1935-1945, dialoguent avec des objets d’art et de culte amérindien. Sous le charme, on y découvre aussi le surréaliste Masson, l’une des grandes influences de Pollock. À travers des toiles comme Birth ou Man, bull, bird, l’exposition montre ainsi comment Pollock se distingue dans son exploration du primitivisme, cher aux peintres dans la première moitié du XXe siècle. Elle met en évidence l’influence considérable qu’a eue cette période de symboles dans toute sa peinture.

Alors oui, cette exposition a quelque chose d’indigeste. À moins que l’on décide de regarder, d’apprécier les couleurs, les lignes heurtées, les influences charmantes et primitives.

À moins que l’on ne se dise : le pinceau de Pollock vaut le coup, n’ayons pas peur. Et l’on aura raison.

« Jackson Pollock et le chamanisme » : jusqu'au 15 février 2009.
Pinacothèque de Paris
28 place de la Madeleine – 75008 Paris
Tous les jours de 10h30 à 18h00, nocturnes tous les 1ers mercredis du mois.
Tarif plein : 9 euros
Tarif réduit : 7 euros
Contact : +33 (0)1 42 68 02 01 ou contact@pinacotheque.com
www.pinacotheque.com